Un lac reflétant
Le blanc du ciel
 
Encerclée
La page
Creuse et liquide
Glisse
À l'horizontal 
 
À la recherche d'un fond
J'enfonce mon être
Pénétrant des eaux opaques
Et sablonneuses
 
Une vase argileuse
Que je voudrais modeler
M'apprend
Le goût
De sa consistance
Je comprends
Du toucher
Son langage
 
Mon obstination est limon
La vase insondable
Au milieu de l'abîme
Fait de mon désir
Un enfouissement 
 
Ma barque survole
Un brouillon d'ailes
Troublés, des nuages
En vagues silencieuses
Ouvrent mon passage
 
À la surface
Je me laisse traverser
Sans rien à retenir
Ni empreinte à dessiner 
 
Une peau lourde
Que je voudrais revêtir
Se devine
Je touche le son
De son étendue
Je comprends à l'œil
Sa mélodie
 
Ma légèreté est élévation
Mon éphémère sillage
À travers la matière
Fait de ma vie
Une calligraphie

 

Embrouillonnée

Qu'il se déploie
Dans ton ciel
En toile épaisse
ou qu'il perfore
Ton sol
De galeries

Ton doute
Masque le réel
Déforme ton monde
Vrillant
Sa verticalité

Avec lui
Des filaments laiteux
De questions t'emmêlent
Et raccourcissent
Chacun de tes pas

Dans une brume lourde
Peu à peu
Tu cèdes
À ce regard intérieur
Qui fait mentir
Tes portraits pendus

Calcifiée

Tu perds ta souplesse
Et l'agilité
De ton armature osseuse
Tu craques
De toutes parts

Quand se pointe
À l'improviste
Une mort
Que tu pensais lointaine
Ou apprivoisée
Voilà que tu perds les eaux
Dans lesquelles tu nageais
Amplement

Qu'il te regarde ou t'ignore
Le visage du disparu
Te parle
Mieux qu'une horloge
À ses heures perdues
Mieux qu'un homme
Pendentif à ton cou

Ton doute
Par la peur qu'il t'inspire
Tient en tenaille
Chacune
De tes extrémités
Et te rend impressionnable
À l'encre noire des seiches

Tu écriras de cette fureur là
De ce que le doute
Aura terni ou révélé en toi

Embrouillonne toi encore
Ta vie est recroquevillée
Dans chaque boule de papier
Que ton poing a formé

Calcifie toi encore
Ton désir s'est ensemencé
Dans chaque aveu
Que tu as eu tort de croire
Préservé

Du doute