Quelque chose reste
Sur la vitre
Une buée 
Sur la terre
Une empreinte
Dans le feu
Un bout de ferraille 
Là sur le papier buvard
De mes lèvres 
Sur le papier peint bavard 
De mes paupières 
Quelque chose reste
De ce que tu as apporté 
De ce que sans savoir
Tu continues de porter

Quelque chose reste
Et si je l'attise
Si je souffle dessus 
Si je marche dedans 
Ce quelque chose
Qui t'appartient 
Mais pas tout à fait 
Qui m'appartient 
Mais pas entièrement 
Ce quelque chose
De ce que nous avons rêvé
S'ouvre en moi
Et ce quelque chose 
De ce que nous avions imaginé 
Alors me tient
Et m'élance

Là dans le reflet
À travers mes pas
Sur le bûcher
Quelque chose reste 
Et imperceptiblement
Inéluctablement 
Ce quelque chose
De ce que nous sentions 
Se réalise

 


Le silence n'existe pas 

Le monde fait du bruit 
Ton corps a son propre orchestre
La nuit est une symphonie 
Le jour qui se lève a sa fanfare

Tu cherches un peu de silence 
Pour oublier le monde tintamarre
Pour oublier ton corps violon
Pour oublier la nuit clapotis 
Pour oublier le jour de son départ 

Le silence n'existe pas 
Le vide est une illusion 
Tu gardes tes chansons
La voix de ton ami mort
Sur le film d'une représentation 
Un souvenir bruyant 
La vie fait son réassort
Tout est là
Caché en dedans 
Dans le passé et le présent 
Dans cette minute
De silence qui attend 

La vie fait du bruit
Tout le temps 
Orchestre et fanfare 
Violon et clapotis
Sirènes et murmure
Le silence est un brouhaha
Enrobant tes oublis
D'un voile
Transparent 

Ton être filigrane 
Se voudrait
Enveloppe 
anéchoïque
Mais se révèle
Caisse
De résonance 
Archaïque 

Le bruit n'existe pas
Sans réception
Sourd est l'abandon 
       Tirant
       À
       Blanc
Le son court, siffle
Créé un impact 
Tu te bouches les oreilles
Et tu entends 
L'éprouvant 
Silence qui n'existe pas

       Fuire