Sous le poids incommensurable
De l'océan
Règne la nuit aquatique
Dans ce noir poussiéreux
Éteint
La vie se cache dans
La lenteur d'un mouvement
Dans la laideur d'une ombre
Grasse
Dans l'épilson invisible de cette
Eau lourde
Qu'on imagine inerte et infertile
Dans cette mémoire
À retardement
Au fond de cette fine nasse
Se dépose avec la délicatesse
D'un pétale quittant sa rose
Le résidu d'une violence
Ancienne
Le reliquat d'une surface
Amnésique
Quand j'étudie par ce prisme
Ma conscience
Je reconnais le bien précieux
De cette connaissance
Comprends que là
Où se concentre le profond
De toute chose
Subsite le minuscule battement
Du doute
Que dans ce noir silence
Résonne l'effroyable fracas
De tous mes atermoiements
Et qu'il me faudra
Puiser en ce lourd fardeau
La force de croire
À la vie sans la voir
Le désir de creuser
Pour chacun de mes pas
Une empreinte silencieuse
Et invisible
Habiter cette foi sans lumière
Et croire
Au mystère des abîmes
C'est découvrir en soi
La beauté
D'un noir fecond
D'une fureur maligne