Au fond des choses, cette petite porte qui s'ouvre.
Sur son bois, gravée, la raison d'être de ton chemin.
 
Illisible, le motif est à moitié effacé.
L’effet du temps qu'il t'a fallu pour l'atteindre.
Simplement, l'effet du temps qu'il t'a fallu pour l'atteindre. 
Et celui du ponçage doux de tes compagnons, 
la tendresse des visiteurs.


 Je suis marin

L'eau trace dans mes mains ses lignes
et mène la danse d'un opéra
Mes yeux plissent au vent qui ne se résigne,
effarés par la lueur d'un éclat
Mon cœur au soleil est un arbre patiné
par le silence et le fracas
Le temps d'un bleu fécond me rumine et
pêche en mon âme de forçat

S'il est pour chaque prison, un ciel
Le mien est un rond au goût de sel



Il danse
il a sorti ses racines de la terre
Il danse
Vêtu de joie et la lumière
L'arbre sève
Les branches vers le ciel
L'arbre rêve
D'étrange et d'irréel

Il se promène dans les bois
Il rit enfin de lui-même
Il n'a plus ni peur ni froid
Puisqu'au fond tu l'aimes

L'arbre nu qui se détache du sol
L'arbre qui de toi prend son envol


 
Être entre mer et ciel
Dans ce bleu intense et infini
Où mon regard rentre en toi

Planer le corps déployé en étoile
À demi immergée, 
Devenir sourde au bruit du monde
Être une feuille insubmersible

Être entre ciel et terre
Avec la légèreté et la grâce d'un oiseau
Traverser la transparente matière
Sentir le fond profond et salin de l'océan 
Maintenir avec fermeté son emprise

S'échapper et nager libre le corps glissant, 
Les yeux gorgés de malice
Filer entre ces peaux liquides, 
ces algues soyeuses, ces vertiges

Rire, chanter l'audace de cette dérobade
Boire à cette eau trouble comme on avale de petites gorgées de rosée
Ne plus craindre le sombre fond, le silence assourdissant, la lourde solitude
S'offrir nue au mystère, aux marées éternelles, aux vagues câlines

S'abandonner à l'étreinte de ce ciel liquide et vivifiant
Me baigner, t'aimer

Être cette eau vive
Boule de matin
ne veut pas naître
Roule dans un coin
Tous les peut-être
Je garde sous mon duvet
mon corps et ma journée
rien n'a commencé
Ni en Plein ni en délié
Rien d'important rien ne presse
Tout se déleste tout est paresse
De toute façon, personne ne viendra
me chercher ici, me sortir de mon lit
Il faudrait pouvoir y venir en pyjama
Sortir d'un songe ou d'une rêverie


 
 
Il aime ouvrir les bras avec ses yeux sensibles
prêt à saisir la vie comme autant d’instantanés