Être entre mer et ciel
Dans ce bleu intense et infini
Où mon regard rentre en toi

Planer le corps déployé en étoile
À demi immergée, 
Devenir sourde au bruit du monde
Être une feuille insubmersible

Être entre ciel et terre
Avec la légèreté et la grâce d'un oiseau
Traverser la transparente matière
Sentir le fond profond et salin de l'océan 
Maintenir avec fermeté son emprise

S'échapper et nager libre le corps glissant, 
Les yeux gorgés de malice
Filer entre ces peaux liquides, 
ces algues soyeuses, ces vertiges

Rire, chanter l'audace de cette dérobade
Boire à cette eau trouble comme on avale de petites gorgées de rosée
Ne plus craindre le sombre fond, le silence assourdissant, la lourde solitude
S'offrir nue au mystère, aux marées éternelles, aux vagues câlines

S'abandonner à l'étreinte de ce ciel liquide et vivifiant
Me baigner, t'aimer

Être cette eau vive
Boule de matin
ne veut pas naître
Roule dans un coin
Tous les peut-être
Je garde sous mon duvet
mon corps et ma journée
rien n'a commencé
Ni en Plein ni en délié
Rien d'important rien ne presse
Tout se déleste tout est paresse
De toute façon, personne ne viendra
me chercher ici, me sortir de mon lit
Il faudrait pouvoir y venir en pyjama
Sortir d'un songe ou d'une rêverie


 
 
Il aime ouvrir les bras avec ses yeux sensibles
prêt à saisir la vie comme autant d’instantanés 
 
 

Paradis
 
Dans la rue, devant un immeuble
Un agent immobilier montre à un homme
Un trousseau de clés et lui désigne un pass
"Il ouvre toutes les portes", dit-il
 
 
octobre 2021

 



Écraser les yeux sous les fenêtres noires
Griffonner les lèvres violettes du parloir
 
Les questions résonnent mieux que le cœur
 


Prise au nid hier

 



 
Le silence étouffe le souffle d'acide
Il boit le sang froid de l'homicide
Linceul des mots oubliés 
Au creux des yeux violets
 
Le silence roule des billes oranges
Crache l'angoisse étourdie et rance
Lange des mots avant l'aurore
Flaques d'essence multicolores

L'arche des nuits reste la baignoire où je me noie

1995

 

 


 
 


Tu es seule à présent mais ta vie ressemble à un musée
Il y a des visages pendus qui se sont tus à jamais
Des images et des objets, trésors modernes
d'une mémoire électrique, creusée comme des cernes
Tu as trop de souvenirs pour te croiser dans un couloir 
Pour trouver tes yeux
                                    guérir tes mains
                                                                et y voir



1995